LYON : TONY VAIRELLES

"j'ai reçu tellement d'e-mails"
18 janvier 2000 - à Lyon
Interview de Elie MUCCIANTE

Tony Vairelles, ex-idole lensoise, a fait le pari d'élargir son aura en signant pour Lyon. Avant-centre buteur au RC Lens, il fut surtout recruté par l'OL pour servir des "caviars" à Sonny Anderson. A Lyon, tout le monde n'a pas saisi la nuance. Il a dû insister.

Tony, globalement votre adaptation à Lyon semble aujourd'hui réussie. C'est aussi votre avis ?
Cela ne se passe pas trop mal. J'avais déjà des amis ici comme Christophe Delmotte, Vikash Dhorasoo, Florent Laville ou Grégory Coupet, sans oublier Pierre Laigle qui arrivait en même temps que moi et qui était un ancien Lensois. Avec Sonny, aussi, tout s'est bien passé aussi. C'est vrai que dans l'ensemble, j'ai eu affaire à une équipe de bons mecs.

On dit qu'il règne à Lyon-ville une mentalité un peu plus froide qu'ailleurs. Avez-vous remarqué cela aussi ?
Vous savez, moi je me consacre surtout à mon métier. Je ne suis pas quelqu'un qui sort beaucoup et qui aime bien vadrouiller à droite et à gauche. Je reste souvent en famille en compagnie de mes deux frères qui sont venus habiter dans le coin. On a tellement de choses à faire
¼ peu importe finalement là où l'on se trouve !

Avez-vous noté depuis votre arrivée une grande différence entre Lens et Lyon ?
Oui. Ce sont deux villes totalement différentes. Lens est entouré de petites villes qui possèdent chacune tout ce qu'il faut, tandis qu'à Lyon tout se concentre sur le centre ville. Quand on veut sortir, aller au concert, au cinéma, au théâtre
¼ on trouve tout ce qu'on veut, c'est extraordinaire ! Mais comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas quelqu'un qui aime tourner et virer de trop. En plus, je récupère beaucoup en faisant des siestes¼

Sur un plan plus sportif, Bernard Lacombe semble vous préférer sur le flanc gauche de l'attaque. Vous auriez aimé un autre poste ?
Moi, j'essaie toujours de donner le meilleur de moi-même. Il y a des périodes où l'on se sent mieux, d'autres moins bien, mais l'essentiel est de toujours donner ce qu'on a dans le ventre et de ne rien avoir à regretter quand on sort du terrain. Il est vrai qu'après les matchs contre Metz, Amiens et Paris, je me sens mieux qu'en début de saison.

A une période rendue plus incertaine par le transfert de Caveglia, vous aviez annoncé " s'il faut que je parte pour lui laisser ma place, je le ferais ". Et aujourd'hui ?
Pour quelqu'un de sensible comme moi, c'est quelque chose qui m'a touché énormément. J'avais vraiment cette impression de gêner. Pas au niveau du club, ni de l'équipe, mais à l'extérieur. On se dit alors, " ne vaut-il pas mieux partir ? ". J'ai pensé cela sans baisser les bras, loin de là, je ne suis pas du genre, mais en me disant que j'avais tout tenté. Je n'ai pas dit cela en vain. Je le pensais vraiment. Mais j'ai reçu tellement de lettres et d'e-mail que cela m'a réconforté dans l'idée qu'il fallait insister. Aujourd'hui, je sais que j'ai bien fait.

Le public lyonnais qui n'a pas immédiatement perçu la nuance dans votre venue, voyait en vous plus un buteur qu'un passeur. Avez-vous aussi ce sentiment ?
On me reproche souvent de ne pas tenter assez ma chance, de ne pas être assez égoïste devant le but, ce que je reconnais volontiers. Mais c'est plus fort que moi, si je vois quelqu'un mieux placé, je lui donne le ballon ! Ce n'est pas chaque fois la bonne solution
¼il y a toujours un pied qui traîne¼ Quand la passe est manquée, on me demande pourquoi je n'ai pas frappé. Il y a même des fois où la passe est réussie, mais mon coéquipier rate le but et tout le monde se demande encore pourquoi, en qualité d'attaquant, ce n'est pas moi qui tente le tir¼ Il faut que j'arrive à corriger cela.

Le but inscrit à Paris vous a-t-il redonné confiance ?
Pour celui au Parc, j'ai eu en plus ce petit brin de réussite qui m'a permis de marquer. Au départ je voulais la prendre " coup de pied ", mais j'avais depuis Amiens cette blessure qui me gênait pendant le match. J'ai hésité à frapper, et, au dernier moment, j'ai changé de position. Ca a marché.

¼et tout cela sous les yeux de Roger Lemerre. Pensez-vous que ce genre d'événement vous permettra d'être sélectionné pour l'Euro ?
C'est vrai qu'avec Vikash on a réalisé une bonne prestation à Paris. L'essentiel pour le moment, c'est d'avoir pu apporter quelque chose en plus à l'équipe de Lyon. Il faut d'abord avoir des idées collectives avant de penser à une sélection. Bien sûr, j'ai envie de jouer l'Euro. Mais il vaut mieux être sélectionné pour jouer. Et si l'on a envie de jouer, il faut être performant avec son club.

Internet, cela signifie quelque chose pour vous ?
Il faut que je m'y mette rapidement. De plus en plus de joueurs en parlent. J'ai un frère qui passe beaucoup de temps à surfer.