LYON - BORDEAUX :

Le mystère Vairelles
28 janvier 2000


Tony Vairelles va-t-il quitter l'OL en juin ? Son contrat, son coup se sang de mercredi, son mutisme après la rencontre, autant d'éléments qui accréditent cette hypothèse. Seule certitude : l'avenir de l'ex-Lensois passe par des performances avec Lyon.

Il ne reste plus guère qu'une dizaine de minutes à jouer et Lyon pousse. Tant bien que mal. Pour forcer le verrou bordelais et grappiller deux points à Monaco, tenu en échec la veille à Metz. Sur le bord de la touche, Frédéric Kanouté s'apprête à faire son entrée. A la place d'un défenseur ou d'un milieu ? Gerland s'attend à ce que le jeune Steed Malbranque cède sa place. Bernard Lacombe, en son for intérieur, a décidé de rappeler Tony Vairelles. Une mesure très mal vécue par l'ancien Lensois. Pour ne rien arranger, son retour sur le banc est accompagné d'une bordée de sifflets. Contrarié, Vairelles se pique de colère et jette rageusement ses gants avant de retirer ses chaussures. Bernard Lacombe n'en revient pas. Quelques minutes plus tard, la presse s'étonnera à son tour de la posture inédite d'un joueur à l'ordinaire courtois et disponible, qui se cloîtrera dans un surprenant silence-radio. Sur le terrain comme dans la vie, Tony Vairelles s'exprime avec le cœur et ne parvient plus à masquer ce mal-être qui l'habite depuis quelques mois au sein d'un club-entreprise sans véritable culture familiale.

En fait, tout a commencé avec la mise à l'écart d'Alain Caveglia. Excédé par les excès passionnels de certains groupes de supporters et estimant mériter un accueil un tantinet plus chaleureux,
Vairelles avait alors clairement mis au point la situation, en déclarant : « Je suis prêt à m'en aller pour lui laisser ma place. » Un cri du cœur en forme de bouteille à la mer reçu cinq sur cinq par la si froide capitale des Gaules. Caveglia parti à Nantes, tout semblait enfin sourire à Vairelles, auteur de son premier but avec l'équipe de France contre la Croatie, le 13 novembre au Stade de France. Lyon bien placé dans la course au titre, le sujet des performances chiffrées de Vairelles sous le maillot lyonnais passait au second plan. Aujourd'hui, l'écart quasiment irréversible avec Monaco et les ambitions du club révisées à la baisse, le joueur, à titre individuel, ne sait plus trop à quels saints se vouer pour exister dans l'ombre de Sonny Anderson. Même si les deux joueurs entretiennent de saines relations, l'ancien Nordiste sait que c'est à lui qu'échoit la majeure partie du travail de sape, la finition étant presque devenue la chasse-gardée du Brésilien. Or, en Artois, Vairelles était le roi de l'attaque. Pour ne rien gâter, Anderson a toujours bénéficié du soutien de Bernard Lacombe, lequel se montre plus discret quand il s'agit de prendre la défense du Lorrain.

Italie ou Angleterre ?

Auteur de quatre buts pour autant de passes décisives,
Vairelles sait que son rendement est pour l'instant largement insuffisant pour un joueur dont l'ambition avouée est de figurer dans le groupe France qui disputera l'Euro 2000. Comme tous les postulants, il va donc redoubler d'efforts d'ici au mois de mai pour prouver au sélectionneur national. A commencer, si possible, samedi soir contre Bordeaux en huitième de finale de la Coupe de la Ligue, une compétition qu'il avait remporté sous le maillot Lensois au mois de mai dernier. Si un départ avant la fin de la saison semble exclu, principalement en raison des échéances internationales, il se murmure en revanche de source proche de l'intéressé que Vairelles aurait déjà choisi de prendre la destination de l'Italie ou de l'Angleterre en juin. Pour l'attirer dans le Rhône, Jean-Michel Aulas lui avait proposé, outre des conditions financières très avantageuses, un contrat de trois ans avec une clause libératoire dès la fin de la première année.

La faire lever en déboursant 70 MF - ou plus s'il le faut - ne constitue pas une barrière insurmontable pour les pensionnaires du Calcio ou de la Premier League. A condition que le « joueur en vaille la chandelle ». Pour toutes ces raisons,
Vairelles, 27 ans le 10 avril prochain, sait donc qu'il devra briller pour attiser les convoitises des clubs européens mais aussi celles de Roger Lemerre.