France-Pologne : 1-0 (Amical, 23/02/2000)

ALLEZ FRANCE

Nous voilà bien avancés
Par Geoffroy Varlet
Sur une pelouse indigne d'une rencontre internationale, les Bleus ont peiné pour décrocher une victoire anecdotique sur la Pologne (1-0) grâce à Zidane auteur du but libérateur en toute fin de partie. Un succès qui n'avance en rien les champions du monde sur la route sinueuse de l'Euro 2000. Retour sur une rencontre cadenassée par "les sénateurs" mondialistes.
Alors que les joutes européennes des clubs redémarrent très prochainement et qu'une préparation de deux jours paraît insuffisante pour forger un groupe, quelles informations Roger Lemerre pouvait-il espérer obtenir de cette confrontation face à la Pologne ? A en voir le onze de départ très largement inspiré de celui d'Aimé Jacquet lors du Mondial 98 à l'exception de Sylvain Wiltord à droite de l'attaque et de Trezeguet titularisé en pointe, le sélectionneur semble disposé à laisser en l'état les formules gagnantes d'un passé pas si éloigné. Mais malgré le soutien populaire et cette nouvelle tunique au dessin remarquable, les Bleus sont amorphes comme privés d'inspiration par cette confrontation sans rivalité ni odeur. Même Zinedine Zidane surprend par son manque d'application sur quelques contrôles un peu longs alors qu'en pointe Trezeguet peine à trouver ses repères. Le premier quart d'heure se résume en quelques offensives timides des Tricolores que les Polonais contrent à merveille. Preuve à l'appui, cette splendide volée de Karwan bien lancé par Zewlakow que Barthez laisse filer hors du cadre non sans esquisser un ouf de soulagement (23'). Cette première mèche allumée par les coéquipiers de Jacek Bak n'a pas pour effet de révolter un onze de France bien à la peine, notamment sur la plan de l'engagement. Les principaux combats physiques échappent aux champions du monde qui plient l'échine sans rompre grâce notamment à Fabien Barthez impérial devant Reiss (39').
Dudek retarde l'échéance
Côté français, rien à se mettre sous la dent en première période excepté ce lob de volée adressé par Zidane qui frise le montant gauche de Dudek (13'). On s'étonnerait d'un discours fort et mobilisateur de Roger Lemerre à la pause, mais pourtant les Bleus attaquent la seconde mi-temps avec de biens meilleures intentions et notamment celle de scorer. Bien lancé par Wiltord, Zidane n'est pourtant pas assez en jambe pour s'en aller battre Dudek (48') mais ce n'est que partie remise pour le Turinois. On retrouve le numéro dix tricolore sur deux lourdes frappes qui côtoient les montants (52' puis 69') alors que Dudek semblait battu sur les deux actions. Seul en pointe, Trezeguet abandonné par ses trois pourvoyeurs de ballons décisifs que sont Gallardo, Simone et Giuly en club, semble bien embarrassé lorsqu'il s'agit de remuer pour se démarquer des coriaces vigiles de la défense polonaise. Mais lorsque Desailly parvient à lui adresser cette balle en or que les gardiens vont chercher au fond des filets, le Monégasque voit sa splendide reprise déviée avec classe hors du cadre par Dudek (62'). Il est alors temps pour Roger Lemerre de chercher matière à préparer l'Euro en tournant l'effectif : alors que Blanc avait rejoint le banc dès la pause au profit de Leboeuf, Pires et Vieira viennent en soutien pour dynamiser les Tricolores (58') aux places de Petit plutôt discret ce soir et Wiltord carrément absent durant cette heure de jeu.
L'Olympien ne tarde pas à se mettre en évidence marquant ainsi des points en vue du championnat d'Europe. De la droite, son centre trouve Trezeguet qui s'envole pour marquer de la tête mais Dudek repousse encore et toujours (66'). Sale soirée pour le Monégasque qui accumule les efforts pour amener ce but tant attendu. Il est à nouveau trop court sur un centre au cordeau adressé par Pires très influent sur le jeu depuis son entrée (70'). Cette joute sans panache semble vouer à un score nul et vierge, c'est alors que Roger Lemerre choisit de lancer Tony Vairelles dans l'arêne (75'). Le Lyonnais auteur d'un splendide but face aux Croates à l'automne (3-0) semble bien moins inspiré, privé qu'il est de Djorkaeff qu'il remplace. Puis suivent quelques minutes gags où les 74.000 fidels des Bleus perdent leur capital confiance en l'attaque tricolore si maladroite. C'est d'abord Deschamps, le recordman des caps, qui s'étale gracement sur un amour de centre adressé par Zidane (83') alors que le but était ouvert. Puis c'est au tour de Robert Pires de louper l'inmanquable après un centre piqué de Vairelles. Seul au second poteau, l'Olympien rate le cadre (85').
Zidane sauve la mise
Vieira irréprochable sur le plan défensif depuis son entrée tente alors sa chance d'une frappe aussi lourde qu'imprécise (86'). Mais quand rien ne va, Zidane est là. Après une faute anodine sur Leboeuf à l'entrée de la surface, Monsieur Vassaras l'arbitre de la rencontre siffle un coup-franc bien placé en faveur des Bleus. Le Turinois s'élance et enroule son ballon, son brossé heurte le mur polonnais et lui revient. En se couchant pour mieux accompagner le cuir au fond des filets adverses, Zidane reprend alors instantanément dans le petit filet de Dudek (1-0, 88'). Au vue de la partie et des qualités démontrées de part et d'autre, ce but vient logiquement récompenser le travail des Tricolores malgré certaines faiblesses. Attendons désormais l'analyse de Roger Lemerre après ce France/Pologne bien décevant sur le plan de l'engagement, mais d'évidence il semble qu'aucune des pistes tactiques entreprises par le sélectionneur n'aient porté ses fruits. Les Bleus n'ont certainement pas progressé dans la route qui les mène à l'Euro 2000, il faudra plus d'énergie et de mordant le mois prochain pour venir à bout de l'Ecosse à Glasgow.
Les faits du match : France bat Pologne : 1-0 (0-0) au stade de France. Pelouse en piteuse état, temps agréable. Environ 74000 spectateurs. Arbitre : Monsieur Vassaras (Grèce). But pour la France : Zidane (88'). Avertissement pour la Pologne : Wieszcyski (78'). Changements pour la France : Blanc puis Leboeuf (46'), Petit puis Vieira (58'), Wiltord puis Pires (58'), Djorkaeff puis Vairelles (75'); pour la Pologne : Zewlakow puis Kryszatowicz (58'), Iwan puis Wieszcycki (73'), Reiss puis Rzazsa (84'), Krzynowek puis Kielbowicz (92').