Un attaquant atypique
Technique. Tonique, puissant, doté d'un dribble efficace, comme d'un bon jeu de tête, Tony Vairelles est également très fort mentalement. Un atout important pour Lyon, d'autant que sa marge de progression est encore grande.


Un battant : voilà le premier qui viendrait à l'esprit pour qualifier Tony Vairelles, attaquant tout terrain de contact et de perforation. Sa qualité première est la tonicité, sur laquelle repose son style de jeu assez particulier. Il n'est pas un joueur d'esquive, il ne fait pas dans la fluidité, il va à la corne, dans la défense adverse, et il serait intéressant de comptabiliser la proportion de contres favorables en sa faveur. Il aime s'arracher et arracher le ballon aux adversaires, perforer le dispositif adverse à n'importe quel niveau car il présente la très intéressante particularité de se sentir à l'aise sur tout le front de l'attaque : excentré aussi bien à droite qu'à gauche et dans l'axe. En général, il est plus à l'aise lorsqu'il a un joueur pivot dans son équipe (Drobjnak hier, Nouma au RCLens, Maurice dans l'équipe de France olympique d'Atlanta). Car il bouge à la fois dans la largeur et la profondeur du terrain, aimant décrocher pour demander le ballon dans les pieds en emmenant un défenseur hors de sa ligne pour l'éliminer ensuite et désorganiser ainsi le bloc adverse.
Dans son style personnel, assez syncopé, il prend toujours l'initiative, décide très vite du côté où il va tenter de forcer le passage, et ne change pas d'idées même si l'adversaire est présent. S'il utilise beaucoup le dribble en pivot, où il est efficace grâce à un gabarit très respectable (qui en fait également un bon joueur de tête), c'est pour enchaîner de l'autre côté du défenseur, mais toujours vers le but. Sa qualité d'explosion lui permet de détenir une excellente frappe de balle des deux pieds, même si c 'est un droitier préférentiel. Il se sert très bien de son corps par rapport au ballon pour empêcher l'intervention des tacleurs adverses.

« IL NE RENONCE JAMAIS »

Moins fort comme passeur et remiseur que comme percuteur, il possède de très grosses qualités mentales. Il va au bout de ses possibilités physiques et termine toujours ses matches « à la planche », après avoir fait très mal à ses opposants, mais il ne renonce jamais, refuse la défaite aussi longtemps que c'est possible et ne se laisse pas entamer quand il ne prend pas tout de suite la mesure de son adversaire. A son arrivée dans l'équipe de France, ou lors de ses matches en ligue des champions la saison dernière, un niveau où il n'avait pas encore opéré, il n'a, comme on s'y attendait, fait preuve d'aucune inhibition, jouant sur ses qualités avec beaucoup de naturel et d'enthousiasme. La marge de progression de cet attaquant atypique demeure importante, malgré une assez longue expérience, maintenant, du haut niveau. Surtout sur le plan technique, puisque sa réussite avec Lens l'a totalement libéré sur le plan psychologique ; où il n'y avait pas trop de soucis à se faire pour lui. Sa mentalité parfaite et sa polyvalence de style en font un élément très utile, et l'OL comme l'équipe de France devraient en profiter dans les mois qui viennent. Pour lui, c'est la saison décisive.

Jean-Jacques Vierne.


France Football vendredi 16 juillet 1999

Lacombe : « Un dévoreur d 'espaces »


Avec vairelles, Anderson, cavéglia, Kanouté et Grassi, si ce dernier devait rester au club, Lyon dispose d'un potentiel offensif impressionnant, ce qui n'est pas pour déplaire à Bernard lacombe. « C 'est vrai que j'ai plusieurs possibilités pour la saison à venir, même si, pour le moment, rien n'est encore complètement défini. Il est encore trop tôt pour dire si nous jouerons avec deux ou trois attaquants. On verra en fonction de la forme, des circonstances. »
L'entraîneur lyonnais se dit en tout cas très impressionné par l'endurance de sa recrue lensoise. « il est d'une constance dans l'effort que je ne soupçonnais pas. C'est un dévoreur d'espaces qui peut-être décisif sur un dribble à la 90ème minute car il a encore la faculté d'accélérer. » Lacombe compte en tout cas utiliser Vairelles là où il l'estime le plus performant, à savoir dans un couloir. « Que ce soit à droite ou à gauche n'a pas d'importance. Tony bouge énormément sur toute la largeur du terrain et multiplie les appels. »
La concurrence s'annonce sévère même si Bernard Lacombe se retranche derrière la fréquence des matches : « Ils ne seront pas de trop à cinq vu la saison qui s'annonce. Ils en sont conscients. » Et d'insister sur celui dont on parle moins, médiatisation des arrivées de Vairelles et Anderson oblige : « N'oubliez pas kanouté. Il n'a pas joué depuis huit mois, depuis sa blessure à Bruges. Mais ce que j'ai vu de lui en quarante cinq minutes contre Poznan laisse envisager le meilleur. »

Patrick Sowden

France Football vendredi 16 juillet 1999